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Jeudi 24 avril dernier, nous étions invités à échanger avec les membres du groupe Matmatah dans le cadre de leur présence cette année au Printemps de Bourges. Voici la retranscription de cet échange.

Pour commencer, parlez-nous de votre dernier album Miscellanées Bissextiles

Tristan Nihouarn : Pour cet album, on a travaillé par « correspondance ». Chacun a travaillé de son côté. On peut dire qu’on a été visionnaire sur ce coup-là vu la période que nous avons traversé à ce moment-là (rires).

Qu’est-ce que cela évoque pour vous le Printemps de Bourges au regard de votre énorme carrière ?

Éric Digaire : Des autocollants ? (rires) En fait, on avait participé aux tremplins départementaux en 1998. Qu’on avait gagné. Ce qui nous a mené à la finale régionale qu’on avait perdue. Mais on avait quand même envie d’être présent sur Bourges alors à l’époque on avait contacté les bars pour jouer. En parallèle de nos quatre concerts de cette année-là, on a fait du « lobbying ». On avait collé des stickers sur tout ce qui relevait du festival. Le temps d’une édition le Printemps de Bourges était devenu Le Printemps de Matmatah… Ça avait pas mal râlé d’ailleurs au niveau de la municipalité, car on était allé très loin en tapissant même les statues.

Tristan Nihouarn : Chut ! Ce n’était pas nous !

Éric Digaire : Bah si techniquement.

Tristan Nihouarn : C’était notre équipe dévouée du street marketing on va dire. Le fait est que, si on cumule toutes nos apparitions à Bourges, on peut dire qu’on est le groupe qui a sans doute le plus joué en in et off sur le festival.

Ce soir (24 avril), vous ne serez en tout cas pas dans le off, mais bien sur la grande scène du W. Qu’avez-vous prévu ?

Tristan Nihouarn : Ce sera forcément un mélange de titres bien connus du public puisqu’on n’est pas forcément que devant notre public, mais nous jouerons aussi des chansons qui montreront une autre facette du groupe.

Vous allez fêter vos trente ans de carrière à L’Accor Arena en octobre 2025. Est-ce que ce succès après toutes ces années vous surprend ?

Tristan Nihouarn : Évidemment ! Pour contextualiser, on a quand même arrêté neuf ans (entre 2008 et 2017) donc on ne savait pas si le public serait toujours au rendez-vous après toutes ses années. Ce qui est marrant c’est que non seulement on a retrouvé notre public (avec dix ans de plus forcément), mais on a vu arrivé sur les concerts une nouvelle génération de fan ayant une vingtaine d’années. C’est là qu’on s’est rendu compte que les gens n’ont jamais arrêté de nous écouter (notamment en soirées). Nos chansons ont traversé les générations et semblent être rentrées dans le patrimoine musical. C’est quand même une chance d’avoir ce public qui s’enrichit d’année en année.

Après trente années de carrière, avez-vous toujours cette même audace ?

Tristan Nihouarn : Bah vouloir remplir Bercy pour les trente ans du groupe, c’est évidemment très audacieux donc je répondrais oui. On avait déjà fait un pari risqué en revenant en 2017 après une longue pose sans annoncer de sortie d’un album. Il faut savoir aussi que nous produisons nous-mêmes nos disques. Donc chaque création est un pari. De manière générale, je dirais qu’il faut savoir prendre des risques dans ce métier. D’ailleurs en parlant de risque, débuté Miscellanées Bissextiles par un titre de vingt minutes (Erlenmeyer), à l’heure où on a plutôt tendance à réduire les durées des morceaux, c’est une belle preuve d’audace (et un peu de la provocation aussi).

À propos de ce titre, véritable patchwork musical. Comment a-t-il été créé ?

Éric Digaire : On a toujours été les spécialistes des mélanges improbables. C’est l’ADN du groupe. D’ailleurs il faut savoir qu’à la base on n’était pas du tout parti sur ce format. C’est en travaillant chacun de notre côté que ce titre est venu naturellement. Chacun des membres a été libre de travailler sur une partie en totale liberté, sans censure. Il y a bien évidemment des discussions en groupe par moment, mais chacun a eu son moment pour créer. C’est le premier titre sur lequel on a travaillé et le dernier qu’on a masterisé et mixé. Il est le fil rouge de l’album.

Tristan Nihouarn : C’est un album dans l’album.

Dans vos tournées, est-ce qu’il y a des endroits où vous vous sentez plus à la maison que d’autres ?

Tristan Nihouarn : J’ai l’impression qu’on est devenu un groupe de L’est de la France au fil des années. On a beaucoup tourné dans ces coins-là ces derniers temps. Le public est présent en nombre à chaque fois donc on revient. On va peut-être devenir Alsacien finalement…

Éric Digaire : Un groupe alsacien ? Nous ? Ça va pas non !? (rires)

Tristan Nihouarn : Pour revenir à la date anniversaire à l’Accor Arena. On a fait ce choix, car c’est central. L’objectif est de rassembler tous nos fans en un même lieu. Vous savez, à chaque date on a droit à : « le meilleur public c’est nous ». On veut qu’ils se rencontrent pour qu’ils se rendent compte qu’ils sont tous géniaux.

Du coup, c’est lequel le meilleur public alors ?

Tristan Nihouarn : Ça dépend… Tu viens d’où ? (rires). Non, mais… C’est vrai que le public Berrichons a toujours été super avec nous.

On abordait tout à l’heure la mixité du public en festivals, par quel album conseillerez-vous de commencer pour découvrir votre répertoire ?

Éric Digaire : Bah… 4, 5, 6 / 1, 2, 3 non ?

Comme pour la saga Star Wars.

Éric Digaire Exactement ! (rires). Plus sérieusement, je pense qu’il faudrait commencer par le dernier puis remonter le temps. Miscellanées Bissextiles est un résumé de toutes les couleurs que l’on a déjà abordées dans les albums précédents. On a un peu de la grandeur du premier, la dureté qu’on a eu sur le deuxième et du voyage qu’on pouvait retrouver en écoutant le troisième. Le dernier album est une bonne porte d’entrée.

Comment vous fonctionnez pour la composition. Vous travaillez pendant les tournées ?

Tristan Nihouarn : Certains groupes que l’on connaît le font effectivement, mais ce n’est pas notre cas. En tournée, on préfère vivre les choses. Ce qui n’empêche pas que ça peut nous inspirer pour plus tard. Il faut avoir du temps pour créer. Il faut qu’il y ait du vide, de l’oisiveté. C’est très important à mon sens.

Et vous mettez du temps à composer un morceau ?

Tristan Nihouarn : Ça dépend. Il peut y avoir une certaine fulgurance et ça peut être composé en dix minutes ou bien cela peut durer trois ans. C’est assez aléatoire finalement.