Du 31 janvier au 2 février, CurioCity était au Festival international de la BD d’Angoulême (Charente). Voici un premier article à froid sur la cérémonie des Fauves, qui a eu lieu samedi dernier. À froid, car cette édition fut particulière à bien des égards, disons-le franchement.
Bien que les membres du jury, Coco et Zabou Breitman, s’amusaient au premier rang du théâtre d’Angoulême en enchaînant photos et vidéos en préambule de la traditionnelle cérémonie des Fauves, en coulisses, l’heure était grave.
C’est en effet sur fond de scandales internes que cette 52e édition du Festival international de la BD s’est ouverte le 30 janvier. Il nous semblait important, sur CurioCity, de le rappeler avant toute chose, car toute la cérémonie a été impactée par les terribles révélations d’il y a quelques semaines. Si cela n’a heureusement pas empêché les passionnés du 9e Art de se déplacer en nombre (malgré une manifestation et, ici et là, des plaintes du public concernant notamment les tarifs pratiqués), cela pose tout de même question. Que s’est-il réellement passé lors de l’édition 2024 ?
Ce qui est surprenant, c’est le silence des organisateurs (pendant le festival en tout cas) sur ce que le ministère de la Culture a qualifié de « dysfonctionnements ». Un silence risqué, qui pourrait bien envenimer la situation.
Ceci étant dit, parlons maintenant de cette cérémonie, plus que jamais politique et engagée. Vous le savez sûrement, c’est le dessinateur Luz qui a remporté le Fauve d’Or avec Deux filles nues. Après de nombreuses prises de parole et condamnations unanimes des lauréates, lauréats et membres du jury dans leurs discours respectifs, Luz, très ému, a reçu le prestigieux prix des mains de Zabou Breitman.
Dix ans après les attentats contre la rédaction de Charlie Hebdo, dont il faisait partie, il a évoqué son parcours depuis le drame et la manière dont la BD lui a permis de se reconstruire. Il en a aussi profité pour tirer la sonnette d’alarme sur la situation politique mondiale actuelle et la montée d’un certain « populisme », thème en toile de fond de son ouvrage.
Ce qui ressort de cette cérémonie 2025 fait réfléchir… Le monde de la BD, et plus largement celui de l’art, semble inquiet depuis quelques mois. Plus d’égalité, plus de budget, un sursaut démocratique… Que penser de tout cela ?
À court terme, en tout cas, nous espérons que la situation s’apaise pour le FIBD, afin que l’édition 2026 soit plus sereine et remplisse pleinement sa mission : mettre en avant les autrices et auteurs de BD et leur travail.
Nos photos de la soirée :
Le reste du palmarès
- Fauve spécial du jury : Jean-Christophe Deveney et Tommy Redolfi, pour Les Météores (Delcourt)
- Fauve de la série : Shintaro Kago, pour Dementia 21, t. 2 (Huber)
- Fauve révélation : Camille Plotte, pour Ballades (Atrabile)
- Fauve des lycéens : Élizabeth Holleville et Iris Pouy, pour Contes de la mansarde (L’Employé du moi)
- Fauve – Prix du public France Télévisions : Alix Garin, pour Impénétrable (Le Lombard)
- Fauve patrimoine : Lynda Barry, pour Come Over, Come Over (Çà et Là)
- Fauve bande dessinée alternative : Hairspray Magazine et Fanatic Female Frustration
- Fauve jeunesse : Michaël Crouzat et Laurent Galandon, pour Retour à Tomioka (Jungle)
- Éco-Fauve Raja : Martin Boudot et Sébastien Piquet, pour Vert de rage, les enfants du plomb (Michel Lafon)
- Fauve Polar SNCF Voyageurs : Romain Renard, pour Revoir Comanche (Le Lombard)
- Fauves d’honneur : John Romita Jr.
- Prix René-Goscinny
- Meilleur scénariste : Serge Lehman, pour Les Navigateurs, dessin de Stéphane De Caneva (Delcourt)
- Jeune scénariste : Élizabeth Holleville